"Le semeur" ("La mujer que sabía leer ") de Marine Francen
Réalisation: Marine Francen
Scénario: Marine Francen, Jacques Fieschi, Jacqueline Surchat, Violette Ailhaud
Acteurs: Pauline Burlet, Alban Leoir, Géraldine Pailhas
Genre : drame
Nationalité: 2017, France
La réalisatrice Marine Francen signe avec " Le semeur " son premier film. Inspiré du court récit de Violette Ailaud, " L´homme sémence ", qui a 17 ans en 1852, année où se déroule l´histoire. L´armée de Louis Napoléon Bonaparte vient d´écraser la résistance des Républicains. Dans son village de montagne, au nord des Cévennes, la jeune Violette assiste à la rafle de tous les hommes. Après des mois passés dans un isolement total, Violette et les autres jeunes filles se font un serment : si un homme vient, il sera celui de toutes… Violette Ailhaud, institutrice, n'écrira son récit qu'en 1919, au moment où pour la seconde fois son village perdra tous ses hommes, le dernier, le jour de l'armistice…Elle confie alors son manuscrit à un notaire avec pour consigne de n'ouvrir le testament qu'à l'été 1952 et de ne le remettre qu'à un descendant féminin âgé de 15 à 30 ans…Yveline alors âgée de 24 ans se voit confier le texte, texte qu'elle confie aux éditions Paroles en 2006.
En partant de cette curieuse histoire, Marine Francen a réussi à décrire, avec sensibilité et simplicité, voire avec un peu trop d´austérité par moments, un récit troublant et un portrait de femmes qui se rebellent et luttent, à leur façon, pour défendre leur liberté, déjà au XIX siècle. Dans un cadre de naturalisme et de réalisme paysan, où la photographie d´Alain Duplantier et le choix inhabituel du 4/3 rappellent des tableaux de Camille Corot ou de Millet, faisant du paysage presque un personnage du film, l´histoire transmet une force poétique, lyrique et contemplative, qui se déroule au rythme de la nature, des travaux des champs et des saisons.
L´absence prolongée des maris et fils commence à peser, sur cette communauté de femmes incapables d'envisager une vie sans hommes, une vie sans amour charnel et sans désir d'enfantement…Comme dans le récit, elles prennent donc l'engagement de partager un homme, s'il en arrivait un… Et cet homme c'est Jean, qui apparaît un beau jour, se disant forgeron et cherchant un abri pour la nuit. Violette l'accueille et avec l'assentiment du groupe, lui offre le gite…Jean, pour aider ces femmes seules, participe aux travaux paysans mais l´amour entre lui et Violette se déclenche, grâce, entre autres raisons, à leur amour pour la littérature. Mais, les autres femmes vont rappeler à Violette son engagement…
" Le semeur " a quelques défauts narratifs comme par exemple, un certain classicisme et un manque de trouble qui aurait fait gagner au film plus de force. Les sentiments sont, parfois, un peu lisses et on se demande si l´histoire n´aurait pas dû être plus dérangeante. Toutefois, " Le semeur " est un très beau film, doux, sensible, fin et origina, qui met à l´honneur les revendications féminines. A ne pas oublier les brillantes interprétations de Pauline Burlet et d'Alban Lenoir.
Sortie en V.O.S.E, à Madrid, le 18 mai
Carmen Pineda