Dernier Maquis
Algérie / France, 2008
Réalisation : Rabah Ameur-Zaïmeche
Scénario : Rabah Ameur-Zaïmeche
Acteurs: Salim Ameur-Zaïmeche, Sylvain Roume, Christian Milia-Darmezin
Genre : Drame
Durée : 1 h 33
Note Cinecritic
Gilles Deleuze dénomme "monde originaire" celui qu'on peut reconnaître seulement " à son caractère informe, un pur fond, ou plutôt un sans-fond fait de matières non formées (…) les personnages y sont comme des bêtes... leurs actes sont préalables à toute différenciation de l'homme et de l'animal " (G. Deleuze, Cinéma I - l'Image-mouvement, Paris, Minuit, 1983, p.174).
Dans Dernier Maquis, le long métrage dirigé par l'algérien Rabah Ameur-Zaïmeche en 2008, le " monde originaire " deleuzien reste emprisonné à l'intérieur du domaine de travail. Un peu dans la ligne de L'Ange Exterminateur (1962) de Luis Buñuel, une situation apparemment contrôlée se dégrade lentement et de façon irrémédiable. Situés dans la zone industrielle de Villeneuve-le-Roi, près de l'aéroport d'Orly, au bord de la Seine, une entreprise de réparation de palettes et un garage de camions emploient des dizaines d'immigrants maghrébins dont les vies consistent à obéir seulement aux ordres et à prier. Les droits du travail et les questions religieuses constituent précisément les sujets centraux du film. Mao, le maître de l'entreprise, décide d'ouvrir une mosquée pour ses employés et choisit l'imam sans aucun type de concertation. Quelques ouvriers mettent en cause cette décision et commencent à prendre conscience de leur droit à la liberté d'élection. Mao utilise la religion comme une forme d'apaisement des prétentions de ses employés, de conserver leurs esprits attrapés dans des pensées qui n'ont rien à voir avec leur situation de travail. C'est par cela que dans trois instances, le passage d'un avion - un signe du progrès et de la technologie moderne - interrompt des dialogues ou des situations qui font référence aux croyances musulmanes. La première fois, on écoute hors champ le vol de la machine qui couvre complètement une conversation sur la possible vie dans l'au-delà pour ceux qui n'ont pas d'argent et de pouvoir sur ce monde ; la deuxième et la troisième fois, la caméra effectue un panoramique de l'aéronef en vol pendant l'heure de la prière. On pourrait dire que le milieu civilisé, technologique, ultramoderne vient envahir avec ses sons et images l'espace du religieux jusqu'au point de le mettre en crise, jusqu'à la limite de déifier la machine. L'espace de travail de tonalités rougeâtres, à peine traversé par l'air et la lumière traversant les trous dans les murs de palettes, devient claustrophobe. Le conflit latent se chauffe au rouge toujours sur le point d'exploser. "Les palettes sont le cœur du film. Ce rouge, ça sautait aux yeux… La palette est la preuve éclatante du côté archaïque de tout système de production. C'est un objet qui n'a de valeur que fonctionnelle", explique le réalisateur dans une interview "Il y a un mur entre eux, mais celui-ci est percé de trous et la lumière la traverse de partout. Ça pourrait être le dernier maquis". Derrière la berge se trouve cet autre monde, le monde réel de la modernité. Contrairement au domaine du travail, à l´extérieur les couleurs virent vers les verts et les bleus. Cette ligne imaginaire entre les deux univers est accidentellement traversée par un ragondin, une espèce exotique introduite en France à cause de son pelage apprécié. Dans un clair parallélisme avec la situation des ouvriers, le ragondin se trouve attrapé dans le garage sans aucune possibilité d'échapper par ses propres moyens. De la même manière, les Maghrébins qui travaillent dans l'entreprise n'ont pas de possibilité de surpasser sa situation sans une coopération étroite, sans prendre conscience de leurs droits. Selon le réalisateur d'origine algérienne, ces travailleurs étrangers, des ouvriers, des mécaniciens " constituent une composante importante du prolétariat d'aujourd'hui; mais ils sont souvent méconnus et exclus du processus démocratique". Comme conclusion on peut se demander si le soulèvement populaire qui a eu lieu dans la banlieue de Paris en octobre 2005 n'a pas été peut-être le déclencheur du scénario de Dernier Maquis.
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