Les personnages de Tim Burton

À propos de la projection en France de Beetlejuice, le 21 octobre 2009

Timothy William Burton: c'est le nom complet du cinéaste né à Burbank, en Californie, le 25 août 1958, qui a reçu pendant sa carrière différentes nominations et prix pour plusieurs de ses films. Tim Burton, nom par lequel il est connu, est surtout le créateur d'une grande quantité d'œuvres dans lesquelles il expose, avec son approche esthétique, les influences qu'ont eu sur lui les réalisateurs de l'expressionnisme allemand tels que F. W. Murnau avec Faust (1926) ou Robert Wiene avec sa création Le Cabinet du Docteur Caligari (1920). C'est pour cela que ce n'est pas inhabituel de trouver des images dans sa filmographie dans lesquels prédominent les perspectives brisées autant dans la mise en scène que dans l'éclairage, ou de trouver son gout esthétique dans le maquillage, un autre élément fort qui nous renvoit aux années du cinéma muet.
Parler de ce cinéaste c'est parler d'un homme qui a réussi à incorporer, dans le monde des fanatiques des bandes dessinées, un Bruce Wayne qui ne répond pas au physique du rôle du héros, c'est parler d'un réalisateur qui réussit à travailler avec un acteur comme Michael Keaton, parce qu'il sait qu'un bon artiste peut s'adapter au personnage et il sait que la création de l'archétype du personnage dépend aussi du type de plans et des angles qu'il choisit. C'est pourquoi Keaton réussit à être héros (Batman, 1989 et Batman Returns, 1992) et antihéros (Beetlejuice, 1988), grand et petit, selon le besoin. Avec Johnny Depp - un autre de ses acteurs récurrents qui a interprété des personnages comme Edward (Edward Aux Mains d'Argent, 1990), Ed Wood Jr. (Ed Wood, 1994), Ichabod Crane (Sleepy Hollow, 1999), Willy Wonka (Charlie et la chocolaterie, 2005), Sweeney Todd, (Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street, 2007) - il alterne les facettes de façon de ne pas stéréotyper les personnages comme étant la figure du héros ou de l'antihéros, puisque même dans le cas du barbier, le spectateur s'identifie à lui d'une certaine manière.
Le plus intéressant dans la composition des personnages est de voir comment les mêmes caractéristiques sont répétées en faisant référence, depuis certains points de vue, à Burton même. C'est peut-être pour cela que l'esthétique des personnages ne renvoient pas seulement à l'esthétique du cinéma muet, plus précisément à époque de l'expressionnisme allemand, mais à la personne même du réalisateur parce qu'une partie de son aspect corporel est intégré dans son cinéma, comme par exemple, dans certains cas à travers la reproduction de sa coupe de cheveux. Cet exemple, qui peut sembler un élément banal, fait souvent référence au point de vue du réalisateur, qui n'est pas nécessairement toujours reflété par le rôle principal. On peut voir quelques exemples dans Edward aux mains d'argent, avec le barbier, dans Beetlejuice, qui est complété par le personnage qu'incarne Winona Ryder, dans le cavalier sans tête (Christopher Walken), dans le Joker (Jack Nicholson) ou dans le Pingouin (Danny De Vito).
Les qualités sont réparties entre des personnages parallèles qui se compensent entre eux. Mais généralement les protagonistes qui incarnent le rôle des méchants sont repérable par le fait d'être rigolos, extravertis et irascibles, contrairement aux facettes caractéristiques des héros, qui se font remarquer par leur sérieux, introversion et tranquillité. De toute façon, ces compartiments ne sont pas étanches, parce que si nous pensons à un personnage comme Edward, nous trouvons un nombre infini de nuances qui dépassent ces trois qualités, au point que sa personnalité incorpore l'une des facettes des méchants, la colère. Peut-être l'un des personnages les plus contradictoires, qui synthétise en partie quelques constantes, est Willy Wonka: un personnage complexe, qui peut être tantôt introverti et extraverti, tantôt timide et expressif, tantôt égoïste et généreux. Maintenant Au-delà de la coiffure, Wonka se caractérise par la contradiction, par la cohabitation d'opposés dans son masque même.
Et ceci est une autre des constantes du réalisateur en question, parce que dans sa manière de créer ses différents mondes gouverne toujours la cohabitation des contradictions menées jusqu'à l'extrême. C'est pourquoi nous avons voulu développer cette description courte des personnages, parce que ces opposés peuvent être retrouvés dans toute son œuvre, dans tous et chacun des éléments cinématographiques que Burton utilise pour raconter ses histoires. Parce que les mondes de Burton, passent d'excessif et irréellement illuminés et heureux, à excessifs et irréellement obscurs et lugubres, comme la ville gothique, comme Sleepy Hollow, comme Fleet Street, comme les bois, les châteaux, et comme finalement les quartiers tranquilles, les usines de chocolat, et les villages merveilleux.
Il est probable que pour toutes ces raisons Tim Burton a pu naviguer à travers différents genres cinématographiques, faisant d'eux un simple outil pour raconter ses propres histoires, et il est probable que pour ces mêmes raisons il a réussi à être un auteur dans le système hollywoodien, puisqu'il a pris le genre du film d'horreur pour le parodier, il a pris le mélodrame pour le remplir d'éléments fantastiques, et il s'est emparé du chemin des héros pour les humaniser.

Jimena C. Trombetta

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