Une famille brésilienne
Titre original : Linha de Passe
Brésil, 2008
Réalisateur: Walter Salles et Daniela Thomas
Scénario: George Moura et Daniela Thomas
Durée: 1h 48
Date de sortie: 18 mars 2009
Note Cinecritic
"Dans l'absence du père, et donc d'une patrie, reste, peut-être, la possibilité d'une fratrie." (Walter Salles et Daniela Thomas)
Sao Paulo, le Brésil, 20 millions d'habitants, 200 kilomètres d'embouteillage, 300 mille coursiers conduisant à toute vitesse leurs motos. Une famille formée par une mère, ses quatre fils avec un de plus en chemin, essaie de survivre dans cette ville dure marquée par le chômage, la délinquance et la violence. Cleuza, la mère, travaille comme employée domestique chez une femme de classe moyenne; Reginaldo, le plus jeune, passe son temps dans les omnibus cherchant obstinément son père qu´il n'a jamais connu; Dario rêve de faire une carrière de footballeur, mais il atteint la majorité avant d'être accepté dans une équipe professionnelle; Dinho se réfugie dans l'église évangélique, tandis que le frère ainé Denis, déjà père d'un enfant, gagne péniblement sa vie en tant que livreur avec sa moto. Comme dans le film The Karamazovs (2008), du réalisateur tchèque Petr Zelenca, où quatre frères deviennent le paradigme des quatre classes de la société russe du XIX siècle, dans Une famille brésilienne, Walter Salles nous propose à travers ces autres quatre frères un portrait de la société brésilienne actuelle avec ses problématiques, ses échappatoires et ses formes de survie. Héritier d'une longue tradition réaliste du cinéma brésilien, qui commença dans les années 50 et 60 avec le Cinéma Novo dont l'influence arrive jusqu'à nos jours, Walter Salles travaille avec des jeunes acteurs débutants ou peu expérimentés, embauchant même des acteurs non professionnels pour jouer des rôles secondaires. Tournant toujours dans des environnements naturels, sans artifices ni de mises en scène préfabriquées, sa caméra reflète le jour à jour de la vie quotidienne des personnages qui, dans leur majorité appartiennent aux classes marginales et vivent dans des quartiers pauvres des banlieues des mégalopoles modernes comme Sao Paulo. Dans toute esthétique réaliste latino-américaine, tant en peinture comme au cinéma, la forme humaine occupe souvent tout l'espace du tableau comme forme de représenter la masse populaire, la force stimulatrice et mobilisatrice d'une société. Cette force apparaît représentée ici, dans Une famille brésilienne, occupant tout le cadrage, dans les plans des tribunes de football où des centaines de mains et voix priant pour que le gardien réalise un miracle en arrêtant un coup franc. Coupe, changement de plan, d'autres mains étendues vers le ciel priant Dieu pour leur salut. Le football et l'Église Évangélique Pentecôtiste, les deux religions dans lesquelles le peuple brésilien dépose sa foi face à la dure réalité qui semble le dépasser. Selon les propres paroles des réalisateurs Salles et Thomas, le but de ce film a été de se plonger "dans l'univers du foot comme l'un des seuls tremplins existants pour casser les barrières sociales au Brésil (...) Chaque année, 2 millions de jeunes de 15 à 17 ans essayent de rentrer dans les clubs de deuxième ou troisième division. Moins de mille y parviennent." Le football est fondamental dans ce récit, à un tel point qu´il fonctionne dans le titre comme métaphore. La Linha de Passe (le titre original) est la ligne imaginaire franchi par le joueur à partir de laquelle il abandonne son attitude individuelle pour passer le ballon à un autre membre de son équipe, pensant en fonction du groupe avec l'objectif commun de marquer un but. De la même façon fonctionne une société, abandonnant les égoïsmes individualistes et pensant à un objectif commun qui bénéficie à tous selon leurs mérites et leurs possibilités. Cette idée est présente tout au long du film. La conviction que dans le cas d'absence d'autorité paternelle - quelque chose qui se profilait déjà dans des œuvres antérieures comme Terre Lointaine (1995) et Central do Brasil (1998) - seule l'union entre frères et, par extrapolation entre compatriotes, peut réussir à faire fonctionner la machinerie sociale au Brésil. Dinho avance marchant vers la caméra en répétant "allons, on y va, en avant", Cleuza est sur le point d'accoucher de son cinquième fils, Dario vient de tirer un pénalty décisif, Reginaldo ne prend plus l'omnibus mais c'est lui-même qui le conduit et Denis refuse le chemin facile de gagner de l´argent par le vol. Chacun avance dans sa lutte quotidienne et, bien que nous ignorons les conséquences de leurs derniers actes, la fin ouverte nous laisse sur un message d´espoir. Adriana Schmorak Leijnse |
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