La femme sans tête
Titre original : La mujer sin cabeza
Argentine, 2007
Réalisateur: Lucrecia Martel
Scénario: Lucrecia Martel
Acteurs: María Onetto, Claudia Cantero, Cesar Bordón.
Durée: 87 mins
Date de sortie: 29 avril 2009
Note Cinecritic
Il existe une certaine similitude entre la somptuosité de Le temps de l'innocence, de Martín Scorsese et La femme sans tête, de l'argentine Lucrecia Martel.
Daniel ContarelliDans les deux films, le motif et le sujet de l´histoire sont occultés au spectateur pour lui montrer une autre chose. Ce sont des films trompeurs, menteurs, hypocrites. Ce qui est intéressant est qu'ils parlent d'hypocrisie. Une femme fait quelque chose qu'elle ne comprend pas, ou ne sait pas, ou ne veut pas savoir. Elle est victime ou simule une amnésie temporaire, très spécifique, qui cache le fait à elle-même et à ses proches. Eux agissent comme si rien n'était, mais entre les lignes travaillent frénétiquement pour que cette situation anormale soit oubliée au cas ou il s´agirait seulement d´un problème mental du protagoniste, ou soit ensevelie et corrigée au cas ou quelque chose se soit vraiment passée. La femme se sent mal, elle préférerait que ce qui s´est passé ne se serait pas passé, quoi que ce fusse, elle désire que quelque chose efface cet épisode comme la pluie emmène avec elle la terre de la rue. Elle a perdu son innocence et elle est perdue. De plus, l'argument, l'objet de l´histoire, le récit, dans le sens le plus structurel du terme, nous est caché. Le discours est ambigu, imprécis, rempli de banalités entre lesquelles se dessine peu à peu le foyer de la tension. Comme dans Le Voyeur, le roman d'Alain Robbe-Grillet, la certitude se construit à fur et à mesure à travers d´indices, elle livre l´information au compte-gouttes, jusqu'à tout d´un coup, tout est éclairci. Borges utilise fréquemment une expression dans ses contes, quand le personnage expérimente cette sensation. Il dit, par exemple, 'il comprit que la ville n´avait rien à voir.´ Cette anagnorisis, cette découverte soudaine, quand les pièces s´emboîtent tout à coup, est le sentiment que le film de Martel produit dans le spectateur. Peut-être le sentiment surgit pendant la projection, peut-être après. En tout cas, le film offre cette expérience unique. Martel travaille son discours avec les mêmes prémisses que ce qu'elle essaie de raconter. Elle utilise une forme trompeuse pour compter la tromperie. Une narration hypocrite pour déshabiller l'hypocrisie d'une société d´un certain niveau socio-économique, paisible, xénophobe, discriminatrice, cru, ridicule. Cette extravagance, cet arbitraire des formes sociales, est mis en relief par une utilisation minutieuse du langage. Martel a une habileté unique pour introduire dans les dialogues des mots ou des phrases qui sonnent à la fois capricieuses et inévitables, des mots qui construisent, par eux-mêmes, une histoire antérieure épaisse des personnages. Ces recours au langage parlé, avec un travail obsessif du cadrage, dans lequel, même si elle utilise presque exclusivement des gros plans et des plans de détail, elle introduit avec grande maîtrise des plans d'action différenciés et un hors champs fondamental à la narration, en jouant une fois de plus avec l'escamotage, dans laquelle pourtant, il ne manque rien. Lucrecia Martel a démontré, à travers de ses trois films, qu´elle est une réalisatrice de grand talent, comme Scorsese. Paradoxalement, son travail avec la subtilité la met dans la cour des grands. |
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