Un été italien

Douleur, tristesse, perte… Un mal commun, mais pas habituel pour nous quand il s´agit d'un terrible accident dans lequel  la mère perd la vie et le père et ses deux filles survivent. A cette occasion, le réalisateur et scénariste britannique Michael Winterbottom veut investiguer la relation qu'établit ce père avec ses deux filles après la mort soudaine de la mère, et la relation qui s'établit entre les deux filles d´âges différents, une adolescente avec l'envie de découvrir des choses nouvelles et une petite fille à qui sa mère lui manque beaucoup et qui se sent coupable de sa mort.
Une famille brisée qui doit affronter la douleur et continuer. Mais ceci, comment on y arrive? Le réalisateur opte pour une rupture brusque avec leurs vies antérieures, ils abandonnent les États-Unis, leur foyer, et ils s´installent dans la ville de Gênes en Italie, pour recommencer à zéro. Des nouveaux collèges, des nouveaux amis, un nouvelle langue, une culture opposée à l'américaine. Ce réalisateur parvient avec maîtrise à nous faire sentir comment ces changements affectent les jeunes filles, comment elles se sentent dans cette ville et comment elles ressentent une perte qu'elles n´arrivent pas à assimiler. Les sons, les ruelles étroites, les gens bruyants, l´inconnu… Cet érudit de l'image réussit à transmettre une sensation de menace constante qui poursuit cette famille pendant tout le film et qui maintient le spectateur sous tension.  Il  contraste avec le coloris et la lumière de cette ville méditerranéenne; symbole  représentant l'état d´esprit des protagonistes. Un été italien est un parcours à l'intérieur de chacun d'eux, de leurs sentiments, de leurs peurs… et il le mélange avec le quotidien absolue. La vie continue, ne s'arrête pas, c'est le message soujacent du scénario, et que ensemble est l'unique manière de surpasser cette douleur.
La répartition des rôles accentue la véracité à cette histoire. Winterbottom voulait un père qui n´a  pas la même nationalité que ses filles, quelque chose de plus en plus habituel dans la société actuelle, et c'est pourquoi il a recherché un acteur anglais qui incarnât le père et deux actrices américaines pour interpréter les filles. Le choix des acteurs n´aurait pas pu être mieux fait, l'acteur britannique Colin Firth joue un père compréhensif qui aime ses filles par-dessus tout, et les jeunes actrices Willa Holland et Perla Haney-Jardine parviennent à être à la hauteur de ce que le scénario requiert. D'autres rôles qui méritent aussi d´être mentionnés, celui de l'amie du père, Barbara, qui vit et travaille à Gênes et les aide à s'adapter, bien que sa dévouement va au-delà, interprété par l´actrice Catherine Keener, et celui de l'actrice Hope Davis qui interprète la mère fantôme qui intensifie l'idée de la famille unie.
Avec un style dénudé de tout sentimentalisme, mais chargé d'émotivité, Winterbottom tourne à Gênes avec caméra à la main, avec le moins d´illumination possible, utilisant où il peut la lumière naturelle, et permettant que les acteurs improvisent au sein du scénario. En définitive, il a travaillé comme ça lui plaît le plus, avec une petite équipe qui fuit les artifices qui entourent le cinéma. Tout ceci permet que la relation qui s'établit entre les acteurs et la caméra soit le plus intime possible. Et ceci se ressent, parce que le spectateur est présenté avec une histoire proche et sincère.
Une fois de plus ce réalisateur parvient à nous lier avec affection à  ses personnages et avec ce qui leur arrive, comme dans d'autres de ses films récents, The road to Guantanamo et Un cœur invaincu. Deux récits qui nous sont restés gravés dans la mémoire, qui nous ont fait voir autrement la réalité et qui nous ont fait réagir. Pour toutes ces raisons, Winterbottom devient un réalisateur obligatoire, incontournable.