Septembre - Octobre 2021
L'enfant cheval
Iran, 2008
Réalisation: Samira Makhmalbaf
Scénario: Mohsen Makhmalbaf
Acteurs: Ziya Mirza Mohamad, Haron Ahad, Gol Gotai Karimi, Khojeh Nader
Durée: 101 minutes.
Date de sortie: 6 mai 2009
Note Cinecritic
C'est une femme apparemment fragile, mais sa force s'enracine dans ses films, un outil qu'elle veut utiliser pour changer le monde, pour transformer les êtres humains. Je parle de Samira Makhmalbaf, la jeune cinéaste iranienne, qui a seulement 28 ans est devenue l'une des obligatoires du grand écran. On peut dire qu'elle porte dans le sang sa consécration et passion pour le cinéma, c'est la fille du metteur en scène et scénariste iranien renommé Mohsen Makhmalbaf, qui lui a toujours transmis l'amour pour cet art. En fait toute la famille se dédie à faire du cinéma et à dénoncer avec leurs récits les injustices et atrocités qui sont commis dans le monde et, concrètement dans leur pays, l'Iran. Défenseurs de la liberté d'expression ils ne renoncent pas, bien que leur Gouvernement ne leur laisse pas tourner ni montrer leurs films dans leur propre pays. Une famille bannie mais qui cherche des alternatives pour continuer à travailler dans ce métier. Pour cette raison Samira s'est vue obligée de tourner son dernier film en Afghanistan, mais même lá ses détracteurs lui lancèrent une grenade en plein tournage et six personnes furent blessées, l'un parmi eux mourra suite à cet acte.
Son dernier film l'enfant cheval dont le scénario a été écrit par son père, est une métaphore de l'abus de pouvoir, des inégalités, l'injustice et la nécessité qui s'établit parmi les êtres humains. Une cruelle et dure relation entre un enfant, qui a perdu ses jambes à cause d´une mine, et un jeune paysan qui devient son cheval pour un dollar par jour. Samira, qui a présenté ce film dans des festivals reconnus, a dû se défendre des accusations qui ont été faites suite à ce récit, qualifié par quelques secteurs de la presse comme terrifiant. Bien que trop long à mon avis, je dois reconnaître que je suis totalement d'accord avec l'opinion de cette cinéaste: " je crois qu'ils veulent ignorer le réalisme de ce film, peut-être parce qu´il les surprend. Le fait que quelque chose soit triste et obscure ne veut pas dire que ce n'est pas réel. Qu'est-ce qu'ils pensent des guerres et des famines qui sont en train de dévaster le monde? Tout ça n'existe pas? ". Cette réalisatrice, plusieurs fois récompensée pour ses autres films La pomme, Le tableau noir et A cinq heures de l'après-midi, aspire à faire réfléchir le spectateur sur la violence de la conduite humaine, mais, comme elle-même affirme, c'est plus simple de fermer les yeux devant les barbaries et les injustices que nous mêmes commettons. Les protagonistes manquent d'innocence et ils sont marqués par la nécessité, ils symbolisent la relation d'abus entre puissants et faibles, et à travers eux nous voyons le visage le plus odieux de l'être humain. Ces enfants ne sont pas des acteurs professionnels et, pour les trouver, cette réalisatrice a du chercher dans les rues de dix villes afghanes. Elle a trouvé l'enfant sans jambes dans le Nord de l'Afghanistan, mendiant dans les rues, et l'autre jeune, dans le centre de l'Afghanistan, où il lavait des voitures. Le résultat du travail de Samira Makhmalbaf avec ces enfants a été impressionnant, puisqu'elle a obtenu d'eux que leurs interprétations soient intenses, réelles et dramatiques. Nous nous levons chaque matin et la tragédie continue, inchangée. Des guerres, la faim, la crise, le chômage, la désolation, des injustices, des maladies. C'est la réalité de chaque jour. Pour cette raison ses films sont nécessaires, pour réveiller et transformer, tout au moins, notre voisinage le plus proche, en essayant de ne pas devenir la selle de personne, ni d´utiliser quelqu´un d´autre comme selle. Fátima Santana Mahmut |
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