120 battements par minute (120 pulsaciones por minuto) de Robin Campillo
Director: Robin Campillo Guion: Robin Campillo Actores: Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel Genre : drame Nacionalidad: 2017, Francia
120 battements par minute de Robin Campillo, récompensé au festival de Cannes par le Grand prix du jury 2017, raconte l´histoire de l´association Act Up, dans les années 90, en France. Act Up était une association militante luttant contre le Sida ayant vu le jour à la fin des années 80 aux USA. Ce modèle fut suivi en France avec la création d'Act Up Paris en 1989. Robin Campillo, s´est inspiré librement de ses propres expériences pour écrire ce film engagé, courageux et critique, car il a rejoint cette association en 1992, 10 ans après le début de l'épidémie. Dans la première partie du film, on voit, principalement, comment Act Up est connue pour ses actions, ses coups d´éclat. Ses militants n´ont pas peur lorsqu´il s´agit de mettre en place des actions chocs. Et, c´est cette partie militante brillante, presque sauvage, par moments, qui est décrite, avec un rythme endiablé, entre le documentaire et la fiction, par Robin Campillo. Un film qui peut se vanter d´une mise en scène spectaculaire, d´une sensation de vérité criante et bouleversante qui nous fait réfléchir sur la politique réalisée, pendant des années, envers ces minorités. Le film alterne une dimension militante, presque documentaire, qui contient des aspects politiques, sociaux et économiques avec une autre plus intime, plus individuelle où l´émotion personnelle et la tragédie se donnent la main. Dans ce cadre de militance extrême, nous assistons à l´histoire d´amour entre Sean (excellent, Nahuel Pérez Biscayart) et Nathan (Arnaud Valois) et c´est là, que le film renoue avec son côté le plus émouvant et déchirant. Les tragédies intimes de tant de personnes qui moururent à cause du sida, conséquence des mauvaises politiques envers cette maladie de la part des gouvernements et des industries pharmaceutiques sont dénoncés par le réalisateur à travers une belle histoire d´amour, racontée avec finesse et élégance, superbement interprétée par deux grands acteurs Nahuel Pérez Biscayart et Arnaud Valois. Le titre du film "120 battements par minute" est une référence évidente au rythme cardiaque accéléré. En effet, après plus de deux heures de film, la première impression qu´on a du long-métrage est celle du rythme déchaînée des actions de Act Up. Cependant, c´est une sensation superficielle car en pensant davantage, on voit comment Campillo sait équilibrer son film avec les changements de ryhtme. Il y a aussi des silences, des moments de nostalgie, des instants de tendresse, d´émotion. La force et la puissance de ce film est justement ici. C´est cette manière magistrale d´exploiter la facette militante et dénonciatrice, c´est-à-dire tout ce qui est collectif, en l´assimilant intelligemment avec le côté le plus privé, le plus intime et le plus déchirant de cette tragédie, appelée le sida. Un film indispensable.
Sortie en V.O.S.E., le 19 janvier
Le sens de la fête ("C´est la vie !") de Eric Toledano & Olivier Nakache
Director: Eric Toledano et Olivier Nakache Guion: Eric Toledano et Olivier Nakache Actores : Jean-Pierre Bacri, Vincent Macaigne, Gilles Lellouche, Jean-Paul Rouve Genre : comédie Nacionalidad: 2017, Francia
Après "Intouchables" et "Samba", les réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache signent une nouvelle comédie. Mais, cette fois-ci, il s´agit d´une histoire chorale, voire populaire, où sont disséqués, d´une façon humoristique, différents prototypes de personnes. " C´est la vie ! ", titre, en français, du film en Espagne, possède des répliques épatantes, des portraits réjouissants et surtout une bonhomie qui imprègne l´histoire du début jusqu´à la fin. Les sketches se suivent, quelque fois, avouons-le, en excès, mais l´esprit de solidarité et de joie qui survole le film, déborde de tendresse et d´humanité. Tout cela accompagné d´une bande sonore entraînante et vitaliste, une des grandes spécialités de Toledano et Nakache, comme nous avions déjà pu le constater avec " Intouchables ". Le résultat est un film heureux, critique mais gentil qui souffre, peut-être d´un certain déséquilibre. L´aspect douce-amer de "C´est la vie! vient de la description de certains portraits. Un point de vue, quelque fois, très critique envers la société de consommation, l´importance exagérée de l´argent, la place des immigrants, les frustrations personnelles… L´humour sert, à tout moment, à aborder les rapports de classe, les hiérarchies, le sens de l´obéissance qui existent dans notre société. Tout cela, à travers l´histoire de Max (interprété par un superbe Jean-Pierre Bacri, dépassé, bougon, désabusé), traiteur depuis trente ans qui organise des fêtes depuis des années. Mais, il est fatigué. Il est même un peu au bout du parcours. Aujourd'hui c'est un sublime mariage dans un château du 17ème siècle, un de plus, celui de Pierre et Héléna. Comme d'habitude, Max a tout coordonné : il a recruté sa brigade de serveurs, de cuisiniers, de plongeurs, il a conseillé un photographe, réservé l'orchestre, arrangé la décoration florale, bref tous les ingrédients sont réunis pour que cette fête soit réussie... Mais la loi des séries va venir bouleverser un planning sur le fil où chaque moment de bonheur et d'émotion risque de se transformer en désastre ou en chaos. Des préparatifs jusqu'à l'aube, nous allons vivre les coulisses de cette soirée à travers le regard de ceux qui travaillent et qui devront compter sur leur unique qualité commune : Le sens de la fête. Le film qui se déroule pendant une journée, le temps de la durée des préparatifs et du mariage, réussi à maintenir le rythme, malgré certains fléchissements. A souligner, de très bonnes interprétations, concrètement de Jean-Pierre Bacri avec un rôle taillé sur mesure, de Gilles Lellouche en DJ hystérique, de Benjamin Lavernhe en marié prétentieux et de Jean-Paul Rouve en photographe déprimé.
Sortie en V.O.S.E, le 26 janvier
Et les Mistrals gagnants ("Ganar al viento") de Anne-Dauphine Julliand
Director: Anne-Dauphine Julliand Actores : Imad, Amber, Charles, Camille y Tugdual (enfants non professionnels) Genre: Documentaire Nacionalidad: 2017, Francia
Touchée personnellement par la situation que la réalisatrice Anne-Dauphine Julliand reflète dans ce film car deux de ces enfants ont été atteints par des maladies dégénératives, la cinéaste réussi à établir une distance élégante et mesurée entre le drame évident et la joie de vivre qui ressort dans tous ces cas. Dans le film, cinq enfants, Ambre, Camille, Charles, Imad et Tugdual agés entre six et neuf ans, vivent au jour le jour. Atteints de maladies incurables dans la plupart des cas ou dans des situations extrêmement problématiques, ces cinq êtres humains, réussissent, avec humour et surtout l'énergie optimiste de l'enfance, à nous prendre par la main. Ils nous entraînent dans leur monde et nous font partager leurs jeux, leurs joies, leurs rires, leurs rêves, leur maladie, toujours avec une dose incroyable de sérénité et d'amour. "Et les mistrals gagnants" qui prend le titre de la célèbre et merveilleuse chanson de Renaud, élue par les français comme leur titre préféré, est un film qui nous fait sourire, qui nous émeut mais qui ne sombre jamais dans le pessimisme. Bien au contraire. Réalisé par Anne-Dauphine Julliand avec beaucoup de pudeur et de sobriété, l´histoire donne tout le protagonisme à ces cinq petits hommes et femmes qui nous donnent une leçon de vie, de philosophie, de savoir-vivre comme on voit rarement au cinéma. Et, tout cela, sans drames, dans le cadre d´une réalité épatante, qui nous fait réfléchir sur le sens de la vie et de la mort. Si quelqu´un pense qu´il s´agit d´un film ennuyeux ou déprimant, rien de plus faux. Essayez cette belle expérience tendre et lumineuse et allez voir ce film, sans douter un instant.
Sortie en V.O.S.E, le 2 février
Carmen Pineda
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